La fin du Hardware – tout devient logiciel | Eleven

La fin du Hardware – tout devient logiciel13 April 2012

Eleven

Le taux d’équipement en smartphone dépasse aujourd’hui 50% dans certaines grandes villes, et, les prix baissant, la banalisation est inévitable. Il y a aujourd’hui plus de personnes connectées à l’internet via un appareil mobile que via un PC. Mais ce qui est impressionnant, c’est qu’un smartphone dépasse le PC sur de nombreux points : toujours connecté, contacts, calendrier et e-mails sont synchronisés ; exit les Palm et autres “organiser”. Avec l’appareil photo, les compacts numériques deviennent superflus, avec le GPS et le compas, plus besoin de Tomtom ou de Garmin. Les smartphones sont devenus des « couteaux suisses numériques » dont on trouve de nouvelles applications tous les jours. Les équipements numériques mono tâche sont remisés sur les étagères de l’histoire. La dernière victime est la console de jeux portable qui perd petit à petit la bataille avec les smartphones.

Bien évidemment les “Power users” ne vont pas troquer leur reflex ou leur chaine Hifi pour un iPhone, mais pour la grande majorité des consommateurs, l’iPhone rend tous les services numériques dont ils ont besoin.

Aujourd’hui, les Smartphones existent au-delà de l’iPhone. Tous les constructeurs redoublent de créativité pour le battre, Google et Android ont finalement fourni une alternative convaincante, mise en œuvre  sur des produits fiables, et moins chers que l’iPhone. Ce sont eux qui font le marché aujourd’hui.

Au-delà du succès des smartphones, quelles vont être les conséquences pour l’industrie du mobile, mais aussi de l’électronique grand public et du logiciel ? Quelles seront  les possibilités offertes aux consommateurs ?

La fin du « hardware » : tout n’est plus que logiciel

L’intégration poussée des composants allant de pair avec la baisse des prix sont causes et conséquences de la pénétration de masse des produits électroniques. Ce phénomène est observé depuis les années 90 sur le marché de l’informatique personnelle et depuis les années 2000 sur le marché des téléphones mobiles.

Aujourd’hui, dès les mobiles d’entrée de gamme, on peut trouver des écrans tactiles, des appareils photo et des lecteurs multimédia. Rapidement on trouve des téléphones portables ayant la puissance d’un ordinateur haut de gamme d’il y a 5-6 ans avec en plus une connexion haut débit, un GPS, un accéléromètre, une sortie TV. Ces équipements autrefois très couteux créent de nouveaux usages, pas nécessairement  évidents:

Que faire d’un accéléromètre? Pas tellement mesurer l’accélération de votre nouvelle voiture, mais surtout l’inclinaison de l’appareil. Cela ouvre de nouveaux horizons, dans le jeu notamment, le transformant en manette sensible aux mouvements – c’est ce qui a fait le succès de la Wii.

Par ailleurs l’écran tactile, est-ce vraiment utile pour téléphoner ? Pas vraiment ; mais via la connexion  wifi, il devient télécommande universelle, capable de commander votre PC multimédia dans votre fauteuil, en affichant vos playlist à l’écran et en affichant les boutons dont vous avez besoin. Et en additionnant les deux derniers équipements, vous faites voler un hélicoptère radiocommandé !

Et le GPS, pourquoi? Tout le monde en a un dans sa voiture, c’était l’objet de l’année 2008, non? Oui, mais la connexion Internet permanente permet des applications communautaires. Et pas seulement de savoir si vous avez un ami assis dans le même café que vous, mais aussi si un radar a été repéré sur votre route.

Un appareil photo? Pour faire des œuvres d’art? Ou plutôt pour reconnaître des codes-barres, des cartes de visite, des mouvements, ou retranscrire l’environnement, ouvrant la voie à la reconnaissance des lieux. Surtout, la combinaison de l’écran et du capteur permet de montrer à ses amis les photos prises dans la journée. C’est du jetable, mais c’est sympathique.

Un compas? Vous ne faites pas de course d’orientation? Peut-être, mais il permet de savoir vers où vous pointez l’appareil, et ainsi d’afficher une carte du ciel qui vous donne le nom des étoiles vers lesquelles vous regardez.

Tout ce matériel devient disponible aux tiers avec l’ouverture des plateformes aux développeurs d’applications, donnant tout leur sens à ces améliorations techniques.

C’est la combinaison d’un hardware robuste et technologiquement mature, d’une plateforme de développement logicielle ouverte et d’une interface tactile révolutionnaire qui a fait de l’iPhone l’objet électronique le plus polyvalent disponible actuellement.

Quelles conséquences pour le consommateur et le marché? La principale est que tous les coûteux matériels spécifiques deviennent obsolètes.

Par exemple, pour bénéficier d’un système communautaire d’alerte radar, il fallait auparavant acheter un boîtier spécial – les premiers étaient commercialisés 700 € – et payer un abonnement incluant les communications et le service. Une télécommande universelle coûte plus de 300€. L’application pour iPod touch, iPhone ou Androïd est gratuite… Aujourd’hui, tout possesseur de smartphone a déjà le matériel, et il ne lui reste plus qu’à obtenir le service souhaité via le magasin d’applications. Et encore une fois, ces usages n’ont été rendus possibles que par l’évidence du « toujours connecté » (“always-on”) : Le prix du mégabit de données a chuté de 3 € à 0,5 € avec le lancement de l’iPhone .

De même que le PC a mis fin aux hardwares spécifiques d’automatisme industriel, le smartphone  a déplacé le débat du hardware au logiciel: le matériel existe, il ne reste plus qu’à inventer les logiciels et services pour l’utiliser.

A ce sujet, il est intéressant de regarder la communication d’Apple qui illustre cette évolution: les publicités de l’iPod touch (à l’origine un baladeur audio) sont centrées sur le jeu, et la majeure partie des communications (les fameuses Keynotes) s’attardent sur le logiciel et les partenaires.

Et la créativité est impressionnante: avec la conjugaison du capteur photo, du GPS, de la connexion Internet, d’un accéléromètre et d’un compas, on peut aller bien au-delà des usages traditionnels. La « réalité augmentée » devient possible : l’écran retranscrit votre vision tandis que, le smartphone sachant où vous êtes et vers où vous regardez, des commentaires s’affichent en superposition, comme le nom des monuments, les restaurants de votre quartier, etc.

Même l’armée américaine utilise des iPhones pour calculer la trajectoire des balles, comme traducteur, et pour afficher des images envoyées par des drones… De nombreux fournisseurs de service ont abandonné la production de matériels spécifiques et se contentent de modifier la couche logicielle d’équipements existants. D’ici peu de temps, les ordinateurs de bord des voitures et radios, aujourd’hui développés autour de matériels et logiciels spécifiques et non communicants, seront des “smartphones” embarqués, diffusant de la musique et vidéo à la demande, sans parler des infos trafic… Les systèmes de divertissement des avions suivront le même chemin (C’est déjà le cas avec Windows CE, le grand-père des OS mobile). De même qu’aujourd’hui il y a des ordinateurs partout, demain il y aura des “smartphones” partout, et tous ne téléphoneront pas.

 

Morand Studer

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